Pérégrinations en terres indienne, cambodgienne, laotienne, indonésienne ..

- Brice Kester 2011 -

20 mars 2011

Varanasi (ou Béranès)

L'année dernière j'ai pratiqué le yoga à Poitiers et Marie-Pierre, ma professeure m'a demandé si je pouvais écrire un article qui serait publié sur le site de l'association. Mon passage à Varanasi a été l'occasion d'écrire cet article tout autant que de faire le point sur 2 mois passé en Inde. Il est consultable ici : http://yogamarga86.com/
En effet, si Varanasi ne résume pas complètement ce qu'est l'Inde pour moi, elle y concentre sans doute l'essentiel.


Arrivé à la gare, un Rickshaw nous conduit, Dean (un Anglais avec qui je partage la course) et moi, jusqu'à l'entrée de la vieille ville. Le chauffeur nous accompagne ensuite à pied pendant 10 min jusqu'à l'hôtel à travers les rues étroites, grouillantes et sales. En chemin nous croisons motos, piétons mais aussi des vaches qui prennent bien la moitié du passage. C'est un peu chaotique et déroutant. Saurons nous sortir de ce labyrinthe sans guide ?
Nous prenons une chambre avec vue. Le Gange presque asséché s'offre pleinement à nous. La rive opposée ressemble à une immense plage et au loin les villages et la forêt se confondent avec l'horizon.



Nous décidons d'aller faire nos premiers pas au bord du fleuve sacré pour y découvrir ses ghâts, ses pèlerins, et toute la vie qui va avec. Nous parcourons les dernières ruelles étroites quand une personne s'approche de nous. L'homme nous dit de prendre à droite pour avoir une meilleure vue. Nous le suivons. Et là, surprise !!!
Nous voilà sur un balcon surplombant le lieu de crémation le plus important de la ville. Des dizaines de corps brûlent à même le sol. Les ouvriers s'occupent de rajouter du bois, d'autres transfèrent un corps embaumé comme un vulgaire bout de bois sur le bûcher qui n'attend plus que lui.
Les premières flammes viennent lécher son visage et découvrent une épaisseur du tissus qui le recouvre. Le visage reste caché, mais pour combien de temps ? Au même moment un autre type sort le morceau de cadavre restant d'un autre brasier pour le tendre à un membre de la famille du défunt qui ira le jeter en offrande au fleuve, qui nourrira à son tour les poissons ...
Autre lieu de crémation à même le Gange
Toutes ces images nous renvoient à notre propre corps, mais aussi à notre propre vie. C'est comme ça que nous finirons !? On a beau se dire qu'on sait, mais là nous l'avons sous les yeux. Il nous faut du temps pour prendre un peu de recul. L'homme nous accompagnant rajoute à la scène un côté encore plus dramatique. Il nous explique en détail et sans détour la scène qui se déroule sous nos yeux. "Chaque corps a besoin de 300 kg de bois. Le temps de crémation est de 3h. Le bois coûte très cher vous savez ! Si on veut du bois de Santal - vous savez ce que c'est ? - eh bien c'est encore plus cher. Il faut compter dans les ....".
Impossible de rester seul avec soi-même ! Lorsque nous décidons de partir, il nous demande de l'argent pour un soi disant hospice. Je ne crois plus beaucoup d'indien, surtout lorsqu'il y a de l'argent en jeu !
Nous essayons de reprendre un peu d'air, de l'espace, du calme. Un peu plus loin des marches font l'affaire. C'est sans compter un autre type qui vient nous proposer de la drogue légale dans cette ville sainte. C'est la goutte qui fait déborder le vase ! Nous explosons de rire ! Nous lui répondons que nous voulons juste boire un verre. Il enchérit et nous propose alors du Whisky ! Non ? De la bière alors ...
Nous repartons et trouverons refuge sur le toit d'un hôtel où prennent place des restaurants. Nous commandons une boisson rafraichissante ... sans alcool.
L'Inde est faite de contrastes qui s'enchainent sans le moindre répits. Tout est là, présent et mis à nu d'une manière très simple et sans détour. Lorsqu'on me demande ce que je pense de l'Inde, je réponds qu'elle est pleine de "Vie". La Vie ne cache rien et n'existe pas sans la mort ! Varanasi nous l'aura offert à sa manière."

Après les corps mort, brûlant sur le bûcher, c'est la jeunesse pleine de vie qui prend le relais en nous divertissant. La fête des couleurs d'Holi commence demain et l'excitation est à son comble chez les enfants.









Si la vie et la mort se côtoient, il en va de même pour le cycle de vie des fleurs qu'on met à l'eau au crépuscule accompagnées d'une bougie en offrande au fleuve sacré. Alors que des gamins attendent la tombée de la nuit pour vendre les petites embarcations, un batelier s'affaire ce matin à débarrasser les rives des restes de la veille à l'aide de son épuisette.

Le fleuve est le lieu de vie et un repère idéal dans une ville qui ressemble plus à un système digestif qu'à autre chose. On vient y faire les ablutions (un bain ici est censé lavé de tous les péchés), la lessive, la toilette quotidienne, la mise à l'eau des restes de cadavre, mais aussi de corps entier ! Certaines personnes dites "saintes" ne passent pas par la case crémation et sont directement mis à l'eau lourdement arnachés pour couler. Il s'agit des enfants, des femmes en saintes, des personnes décédés suite à la morsure d'un serpent et d'autres.

Un gamin qui se baigne
Une famille qui a mis à l'eau l'un des leurs ?











La compagnie TATA est partout !
Un groupe de touristes









Un Japonais collecte des dons pour son pays
La rive opposée dénudée.











La rive opposée (dans tous les sens du terme) est très attirante. Nous décidons avec Dean d'aller y faire un tour au couché du soleil.


















































Les cérémonies du Puja Ganga Aarti commencent avec la tombé de la nuit. Danses, chants et rituels de feu rythmes la vie des ghâts pour 2 heures chaque soir de l'année. Le feu permet la purification.




















De jour, voici une tribune où la place est payante. On donne ce que l'on veut !



Il est déjà temps de repartir pour d'autres aventures.
La fête des couleurs (Holi) commence aujourd'hui. C'est un drame ! Je dois me rendre à la gare à 5 km d'ici alors que tout est fermé et que les rues sont jonchées d'obstacles imprévisibles. Les gamins sont planqués sur les terrasses et les toits prêt à larguer une bombe d'eau colorée (qui ne part pas au premier lavage) au premier passant qui oserait s'aventurer dans les rues !

Au final, je me prends une belle rouge sur la tête depuis le 4ème étage et une bleue bien dosée sur la flanc par une bande de 3 jeunes roulant à moto (sur une seule moto évidement !). J'ai aussi la chance de trouver un rickshaw à pédales pour parfaire les 4 derniers kilomètres. Le prix de la course est à la hauteur de la rareté de ce mode de transport ce jour là !



























A la gare, me voilà à l'abri !
En ce jour particulier, les policiers en services s'accordent une très très longue pause pour regarder le match de cricket qui commence à 14:30 et se terminera tard dans la soirée !

1 commentaires:

Unknown a dit…

Quelle aventure!! En effet, nous qui sommes habitués à "cacher" nos morts, en voir bruler sous nos yeux, ça doit faire un choc.
Mais j'ai bien l'impression qu'en Inde on a moins de problème avec la vie et surtout la mort... je me trompe ??
Je vois que tu as bien profité de la fête des couleurs! Encore un souvenir gravé dans ta mémoire mais surtout sur tes vêtements!!
Je te vois pieds nu sur une photo, as-tu troquée les chaussures de marche ???
Allez je continue ma lecture. Merci encore brice!! (même si je sais qu'a l'heure ou je te lis, tu es déjà bien loin de cet endroit...)