Pérégrinations en terres indienne, cambodgienne, laotienne, indonésienne ..

- Brice Kester 2011 -

26 février 2011

Chandigarh

La naissance de Chandigarh est le fruit de la séparation Inde-Pakistan (15 Août 1947). Le premier premier-ministre de l'Inde Indépendante, Jawaharlal Nehru, voulait pour l'état du Punjab qu'elle symbôlise la modernité d'un Etat nouveau. Fait unique en Inde elle est finalement la capitale de deux états, le Punjab et l'Haryana et de son propre district (Chandigarh).
La création de la ville nouvelle est d'abord confié à deux américains Matthew Nowicki et Albert Mayer, influencé par le concept des cité-jardins à l'anglaise. Nowicki disparaissant dans un crash d'avion, son compagnon abandonne le projet qui sera confié à Le Corbusier.
Le Corbusier a en tête cette utopie moderniste où "l'arithmétique, la texture et la géométrie" remplaceront "les boeufs, vaches et chèvres menés par les paysans à travers les champs brûlés par le soleil". La ville est dessiné selon une grille aux quartiers rectangulaires d'1km² peu élevés, à très faible densité de population, et dont chacun possède ses propres commerces, écoles et lieux de cultes. Nehru approuve : "Chandigarh est le plus grand exemple d'architecture expérimentale en Inde. Son aspect peut déconcerter, mais il incite à la réflexion et intègre des concepts novateurs."

 Marchons un peu dans la ville, vieille de bientôt 60 ans.
  

Les allées sont bordées d'arbres, les avenues sont larges et propres, et on y croise peu de monde. Nous ne sommes plus en Inde ! On se croit attérit dans un New-York plat et horizontal. A chaque intersection de 4 secteurs se tient un rond point. Une signalisation routière permet de repérer très aisément dans quel partie de la ville on se trouve et vers où se diriger. Tout le monde a l'air de se déplacer en voiture. Et pour cause, voulant rejoindre les bâtiments officiels 3 secteurs plus au nord, il me faudra une heure à pied ... La vie à l'américaine a débarqué en Inde.

Dans l'ensemble on se demande où est passé toute la vie !
En se penchant sur la carte de mon guide, une concentration de points apparait dans le secteur 17.
C'est en effet devenu le centre de vie de cette ville trop rigide où restaurants, commerces, cinéma et banques se partagent la place.









On gare sa voiture à l'entrée et on y circule à pied. C'est bien agréable.















La vie de centre piétons aux immenses places ombragées et vivantes en devient rassurant.
Il est très étonnant de voir toutes ces publicités aux couleurs criardes et vivantes tapisser les façades grises et austères des années 50.












On y retrouve barbier à même la rue, porteur d'eau à bicyclette...














Et que dire de ces notaires installés sous une "arcade" (un peu cubique) ?











Dans un coin, un immeuble est en construction. Il est la copie conforme de ses voisins !! On a parfois l'impression que les travaux de la ville nouvelle ne sont pas encore terminés.



Mais que dire du reste de la ville ?
Chaque secteur a sa spécialité. Dans l'un se concentre l'Université, dans un autre, ce sont les musées, dans d'autres encore l'armée, et dans tant d'autres enfin, les habitations. Chandigarh est presque une cité dortoir quand on n'y fait que passer.

Parvenant au secteur 1 tout au nord je cherche un moment mon chemin vers les bâtiments officiels cachés. La police posté partout me renseigne avec beaucoup de gentillesse.
Une fois au pied de la cour suprême de Chandigarh on me demande mon autorisation. Je n'en ai pas ! "Bon, aller ça ira pour cette fois. Vous n'êtes autorisé à circuler que sur la rampe et les escaliers."
Je grimpe la rampe, fait quelques photos, et rencontre plusieurs jeunes touristes. J'entame la discussion. Il s'avère que ce sont des élèves de l'école d'architecture de Chandigarh. Après 10 min dans le grand hall, nous repartons ensemble.

Ils me déposent en voiture à l'école. J'y rencontre le directeur qui est l'une des seules personnes à délivrer une autorisation pour les bâtiments officiels.

D'une immense gentillesse il me traite comme un invité de marque, me recevant dans son bureau et me proposant un thé, mais avec beaucoup de simplicité et toutjours avec un grand sourir légé et amusé. Pradeep Bagath (comme les baguettes !) se présente-t-il.










Je rencontre Daria, une polonaise travaillant en allemagne et spécialisée dans la lumière. Ils se sont rencontrés lors de leur post-master en lumière en allemagne. Elle est à Chandigarh aujourd'hui pour un workshop (atelier) de 3 jours quelle termine juste; Pradeep nous propose d'aller visiter demain ensemble, Daria et moi, le Secrétariat, l'Assemblée Législative et la Cour Suprême.

De retour à l'école le lendemain matin, on nous prépare les autorisations pendant que nous sirotons notre tasse de thé dans le bureau du directeur. Papiers prêts, il demande à son majeur d'homme de bien vouloir nous conduire jusqu'au bâtiment du Secrétariat en voiture. C'est royal !





La visiste se fait sous escorte militaire. Nous passons dans 3 bureaux succéssifs avant de pouvoir enfin monter la rampe qui grimpe jusqu'au toit. C'est la seule partie qui est ouvert au public.
Rien n'est entretenu, tout est utilisé à l'indienne (comme ça vient).








































Nous rejoignons ensuite l'Assemblée Législative par la grande rampe, caractéristique de l'architecture corbuséenne.























Nous apprenons que se tient à l'Assemblée Législative pour un mois une série de congrès d'état qui empêche toute visite. Nous admirons l'œuvre de l'extérieur d'où on a une vue sur le Secrétariat.











Un peu plus loin, trouvant un coin pour me soulager, je tombe sur ce carré de verdure qui réjouirait quelques fumeurs (Bob Marley est justement en train de passer dans le cybercafé où j'écris cet article, un hasard ?!)


Aller soyons sérieux et continuons la visite.
Je retourne à la Cour Suprême mais cette fois accompagné de Daria et des papiers officiels !
J'ai finalement plus de mal à rentrer avec les autorisations que sans. Nous devons ensuite aller nous présenter à un bureau qui font les difficiles devant une erreure de frappe d'un numéro de passeport. Nous attendrons plus d'1/2 heure pour avoir l'accès aux mêmes endroits que moi la veille ! No comment ...
J'en profites pour prendre d'autres photos.





























 Il est 14h30 et à 15h commence une conférence de l'architecte italien Cinno Zucchi à l'école d'architecture. Nous nous dépêchons et arrivons à l'heure. Mais en Inde le retard est de coutume !


L'architecte est très intéressant. Il explique notamment comment l'architecture est le fruit d'une société. Les sociétés traditionnelles au pouvoir autoritaire ont produit des architectures traditionnels qui ont évolués très lentement. Notre société de "liberté" change la donne, évolue très vite et permet tout, le meilleur, comme le pire. Je repense alors aux monuments du Rajasthan et à tout ce qu'on produit chez nous. La réflexion est bien trop courte pour être parfaite mais elle fait réfléchir.
La conférence sera comme un aller-retour rapide à la maison !

Tout ça se termine par une remise de diplômes et une fête étudiante...











Ahhh Chandigarh ...
N'y a-t-il pas d'autres touristes que les architectes ?

Si, mais ils sont au Nek Chand Garden, ligne courbe dans cette grille orthogonale.
La promenade dans ses méandres étroits nous redonne une échelle humaine.
Lors de la destruction des anciens villages au profit de la nouvelle ville, un artiste a collecté les débrits et a commencé à sculpter avec eux des formes, des visages, des statues ...
Le guide dit : "Son oeuvre fût découverte en 1973, une quinzaine d'année après son éclosion, par les autorités indiennes. Le jardin occupait illégalement un terrain public et l'ensemble était voué à la démolition. Le gouvernement local reconnut heureusement l'intérêt de sa création et décida de la nationaliser. On accorda à Chand l'aide de 50 ouvriers pour continuer son travail et l'attribution d'un salaire afin qu'il se consacre entièrement à son art."
C'est un endroit très touristique pour les indiens. Avec plus de 5000 visites par jour, il serait le deuxième lieu le plus visité d'inde après le Taj Mahal !! J'ai du mal à y croire ...









































Toutes ces découvertes nous metterons en appétit et au lieu d'une burger végétarien nous préférerons les Dosa (crèpe), parantha (galette), et frites de la "Indian Coffee House".




















Le soir je gouterai à la bouffe de rue. Au menu, spaghetti chinois (noodles) cuites au wok et des momos (nouilles vapeurs farcis aux légumes). Ma foi pas mauvais du tout mais toujours un peu risqué (je n'aurai rien cette fois-ci).

5 commentaires:

Marie a dit…

wahou Brice !!!!
superbe ce lieu ! on dirait que l'on plonge dans un vieux livre d'histoire de l'archi ! quelle chance tu as de voir tout cela ;) c'est très impressionnant, mystique même !

continues de nous transmettre ce que tu vois : je rêve devant l'ordi !

bonne suite !
bizzzzzz ^^

Marie

Unknown a dit…

Bizarre de voir cette ville après avoir traversé toute l'Inde!! C'est fou!!! C'est vrai qu'on l'impression que t'étais de retour comme étudiant ;-)
En tout cas, la visite est super!!!
Merci!

Brice KESTER a dit…

Et oui, en plein livre d'archi, mais avec une ville habitée, la couleur en plus du noir et blanc ... Que de contrastes entre utopie et réalité. Assez déconcertant comme ville.

jjp -DAA a dit…

Salut Braïïïce,
Chiante ta première moitié d'article,on s'croirait au boulot....
Sinon c'est toujours sympa de te lire.Ici,çà va,Guillaume et Erwan (autre archi breton...)gagnent des concours,Benoît par contre est dans une mauvaise passe,les éléments se liguent contre lui...ton père t'en parlera sans doute.Les filles vont bien également,et te font des bisous.marine et Olivier sont partis vite fait du japon,et sont actuellemnt en Corée pour un mois (Eun sook va les aider en logistique),pour aller ensuite en Sibérie.
Voilà,voilà les dernières nouvelles de l'agence.A bientôt sur ton blog.
Biz JJP

Brice KESTER a dit…

Ahhh c'est chouette d'avoir des nouvelles de l'agence !
Aller Benoit, le vent tournera.. Bon facile a dire. Content que l'agence renoue avec les concours gagnants !
Et merci de me donner des news des autres fous d'Asie. Ils comptent faire le tour de la Coree du sud ?
A tte...