Sashi cooking class

Un peu marre de visiter des monuments, je me dis qu'une leçon de cuisine est une autre belle façon de s'imprégner de la culture indienne.
Le guide recommande plusieurs cours. Un a l'air de sortir du lot.
Le cours a lieu de 17h30 à 21h30. "Venez avec beaucoup d'appétit" insistent-ils alors que je passe chez eux pour réserver. Cela pourrait être leur slogan !
A 17h35, j'arrive un poil en retard, tout le monde est déjà là.
Sashi, notre hôte, manque à l'appel, ouf !
Arrivée 15 min plus tard, elle s'excuse et nous dit qu'elle rentre juste de l'école à 1h d'ici où elle enseigne. Le bus avait du retard.

C'est ainsi qu'elle nous en apprend plus sur sa vie.

Il y a 10 ans, elle perdait son mari. Au vu de sa caste, elle ne peut alors pas travailler pendant un an. Le plus dur sera les 45 jours après le décès. Elle est mise au coin d'une pièce, dans le noir, et ne reçoit pour seule visite que des femmes en pleures. Durant l'année qui suit elle bravera l'interdit pour survivre et pouvoir manger à sa faim. Elle lavera en cachette les habits des touristes occidentaux.

Un jour l'un d'eux lui demande de lui faire à manger. Trouvant sa cuisine très bonne, il lui demande ensuite de lui apprendre à cuisiner. Elle ne parle pas un mot d'anglais !

Il lui fera comprendre qu'il aimerait qu'elle écrive les recettes en hindi. Sa langue maternelle est le rajasthani mais s'est mise à l'hindi. Elle fait tout son possible pour répondre à sa requête. Il fera ensuite le nécessaire pour faire traduire en anglais ces recettes et les informatiser.

Il lui propose de lui apprendre un peu d'anglais dans le but de faire des cours de cuisine aux occidentaux.

Elle accepte et il la soutient pour qu'elle ne lâche pas. La tâche est immense.

Son premier cours est une catastrophe et elle veut tout abandonner. La persévérance lui donnera raison. Elle peut aujourd'hui jouir d'une réputation internationale ! Elle parle parfaitement bien anglais (sans savoir le lire ou l'écrire) au point que je n'arrive pas toujours à la suivre.

Une autre personne lui fera un site internet consultable ici : http://www.shashicookingclasses.blogspot.com

D'autres élèves traduiront ses recettes dans leur langue respective.

Voilà un bel exemple d'une Inde qui peut évoluer et sortir de son système de caste très contraignant !

Aujourd'hui, les cours de cuisine ne lui permettant de subvenir à ses besoins que pendant la saison touristique, elle a décidé il y a deux ans de devenir professeure des écoles. Aujourd'hui elle est dans la phase pratique, constamment surveillée et avec des élèves intenables. Imaginez qu'après une journée qui a commencé à 6h elle rentre à 17h30 après une heure dans un bus bondé pour commencer un cours de cuisine de 4h à des étrangers.

Ce soir nous sommes 6 à suivre son cours. Il arrive trop souvent que certains annulent ou que d'autres arrivent au dernier moment pour demander une place. La moyenne est de 4 mais il peut arriver qu'elle n'est  aussi que 2 élèves. Je suis entouré de deux coréennes, d'un couple d'anglais et d'un irlandais (dont la copine française n'a pas voulu venir !!).

Une pause Chai à Jaipur avec Nathan

Pendant qu'elle nous conte le récit extraordinaire de sa vie, Shashi ne chaume pas et nous explique comment réaliser la première recette, la boisson indienne, le Chai (prononcer tchaille).

Un vendeur de Chai à Bundi

Le Chai est traditionnellement bu le matin et à l'heure du goûter.
Je vous en propose ici la recette.

Pour 1 verre,
1 verre de lait
1/4 de verre d'eau
2 cuillères à soupe de sucre
1 cuillère à soupe de thé noir en vrac (Darjeeling est le meilleur !)
1 pincé de masala thé

Masala veut dire mélange. Ici c'est un mélange pour le thé d'où le nom Masala thé.

On peut facilement réaliser un Masala thé.

Si les ingrédients sont frais le masala thé contient 3 ingrédients à écraser ensemble au pilon :
2 morceaux de cardamome
4 grains de poivre noir
1 morceaux de gingembre gros comme une phalange de pouce

Si on a pas ces ingrédients frais on peut toujours faire un mélange de 5 poudres à la place  :
10 g de cardamome
10 g de poivre noir
10 g de gingembre
10 g de basilic
10 g de noix de muscade

Ajouter tous les ingrédients (lait, eau, sucre, thé, masala) dans une casserole sur le feu.
Porter jusqu'à ébullition puis réduire le feu et laisser réduire pendant 4 minutes en remuant de temps à autre.
Le chai doit alors prendre une couleur brune et commencer à sentir la cardamome et les autres saveurs du masala.
Filtrer le tout et servir chaud !

Ensuite nous enchainons toute la soirée avec des recettes diverses.

Les indiens sont pour la plupart végétariens. Pour une grande parti c'est à cause du prix élevé de la viande, et pour les Jains c'est par conviction religieuse (fondation du jaïnisme en réaction aux sacrifices d'animaux et pour une vie harmonieuse avec toute forme de vie).

Les légumes sont la base de tous les plats et des sauces diverses viennent agrémenter le repas et relever les plats. Le paneer (fromage frais qui ressemble à de la mozzarella) est aussi très utilisé.

Nous préparons d'abord des beignets de légumes et de paneer que nous dégustons avec deux types de sauces dont une sucrée à la mangue.

Les légumes sont très variés. On trouve toute sorte de pois, des carottes, des pommes de terres, du choux-fleur, des aubergines, des tomates ...

Sur la photo nous pouvons voir au premier plan la pâte dans laquelle on fais tremper légumes ou fromage avant de les faire frire dans l'huile (casserole sur le feu). Au centre nous avons la boite à épice qui trône dans chaque cuisine et à gauche vous apercevez les deux sauces (verte et brunes) qui accompagnent les fritures.

Ensuite nous enchainons avec un mélange de légumes cuit à la vapeur dans une casserole. Remarquez le couvercle aux bords relevés. Il permet de faire chauffer de l'eau avant de l'ajouter aux légumes sans faire chuter violemment la température. Nous commençons avec une base composée d'épices et d'oignons revenus dans de l'huile, auquel on peut rajouter les légumes et viandes que l'on souhaite.

Enfin arrive le moment des pains qui agrémentent tous les repas. Les chapattis à base de farine et d'eau sont les plus utilisés. Ils sont économique et pas du tout calorique. Les naans sont plus épais et riches en matière grasse et se présentent sous une forme ovale.

Nous terminons par un dessert à partir d'une pâte à chapattis. Plus épais, nous recouvrons cette pâte de ghee (beurre clarifiée), de sucre glace et de poudre de noix de coco. Nous la replions plusieurs fois en deux sur elle même pour obtenir des couches alternant pâte et ghee + sucre + noix de coco. Enfin nous le faisons cuire sur un plat en fonte.

Il est 22:15 quand nous avons fini toutes les recettes. Notre dégustation est un vrai régal.

La soirée se termine à 23:00 avec 1h30 de plus que prévu et dans 7h Shashi se lève pour une nouvelle longue journée sans avoir rien avalé. Elle nous dit que les odeurs du cours de cuisine suffisent à la nourrir tous les soirs.

Merci Shashi !

Pour ceux que ça intéresse, voici les 12 pages de recettes en anglais avec mes notes en fran-glais.

BON APPÉTIT !!!