La veille au soir, je rencontre Tchouk-Tchouk, une Hmong, la quarantaine passé, qui vient vendre ses petits objets à SaPa comme tout le monde. Elle me propose de venir chez elle passer une journée et une nuit. Je lui dis que j'aimerai travailler dans les champs de riz et me réponds que son mari est justement en train de s'y atteler et que je pourrai l'aider !
Rendez-vous pris pour le lendemain, je la retrouve vers midi pour partir ensemble à Ta-Van, à 3:30 de marche de Sapa.
Avant de prendre le départ nous passons au marché où Tchouk-Tchouk achète pour 30.000 Dong (1€) quelques kg de choux. On lui offre 2-3 tomates en plus. Cela devrait faire l'affaire pour 1 ou 2 jour. Nous prenons également un grand sac de gros haricots pour 20.000 D (0,65 €).
Elle m'explique qu'elle ne veut pas qu'on nous voit ensemble lorsque nous passerons devant ma guest-house parce vietnamiens et minorités ethniques se jalousent.
Je ne le saurais que bien plus tard, mais ce que je fais est illégal. Je devrais être enregistré au poste de police et être accompagné par une personne dont les autorités lui ont permis de pratiquer ce genre de tourisme local. On me dira que c'est pour notre sécurité...
Qu'importe, nous ne sommes inquiété par personne et la pratique semble avoir déjà fait ses preuves. Elle me parlent d'autres invités d'un jour qui sont venus comme moi sur un coup de tête...
Nous échangeons sur notre matricule (age ?, marié ?, petite amie ?, depuis combien de temps du voyage ? ...) pour mieux se connaître. Tchouk-Tchouk vie avec son mari Chag, cultivateur, leur 2 filles et le plus petits des 3 garçons plus âgés. Les 2 grands ont déjà quitté le foyer. Le plus grand, Sua, a 26 ans et est prête catholique, le second étudie et le troisième aide son père aux champs. La plus grande fille, 16 ans vend aussi des petits objets à SaPa. La petite dernière, Hang, 13 ans, est la seule qui parle un bon anglais. Elle va à l'école le matin et est vendeuse à Ta Van l'après-midi.
Dirigeons nous vers plus d'authenticité ...
Les bâtonnets d'encens fait main sont en train de sécher au soleil ici et là ce sont des rizières en eau à perte de vue qui se décline sur les pentes de cette vallée fertile.
Pour rejoindre la maison de Tchouk-Tchouk et Chag, nous devons marcher en équilibre sur une bordure de rizière pendant 10-15 min. Nous y voilà enfin !
On me sort une chaise et me demande de m'installer là, devant le paysage.
La vue est superbe et nous sommes loin de tout. C'est là que je vais passer la nuit et la journée de demain.
Habitué à plus de divertissement je commence à m'ennuyer. Les enfants ont trouvé une petite voiture, quelques planches et un pneu pour passer le temps.
On s'affaire dans la maison et en tant qu'invité mon aide est rejeté.
Riz et choux à volonté sont au menu avec quelques bout de tomates que tout le monde se bat. Le goût sucré de ce fruit relève le choux. Évidement quelques piments en sauce sont là pour donner un peu de piquant. Ce repas est des plus délicieux. Sans doute que l'aventure qui l'accompagne lui donne tout son goût.
Ce soir je prends une douche chaude (chauffé au feu de bois exprès pour moi), sur une plateforme en bambou qui fait face à la vallée. L'endroit sert à faire la vaisselle autant qu'à prendre une douche. Je me retrouve dans la fraicheur de la nuit qui a envie la vallée. Les lucioles volent un peu partout autour. C'est magique ...
Au petit matin vers 5:30, tout le monde est debout sauf le brouillard qui décide de faire la grâce matinée. Au petit déjeuner nous avons la même chose que la veille au soir, riz et choux ! Voilà de quoi prendre des forces.
Alors que Tchouk-Tchouk nous quitte pour aller vendre à SaPa, je reste avec Chag pour travailler dans les rizières. Nous sommes dans la période qui précède la plantation.
Nous devons préparer les champs en les désherbant. Pied nu, dans la boue jusqu'au genoux et muni d'une sorte de binette nous nettoyons toutes les parois. L'herbe tombe alors dans la rizière que nous devons mélanger avec nos pieds pour obtenir une boue homogène.
Ce travail me fait découvrir la multitude d'insectes qui vivent ici. Différentes araignées, crickets, et même petits serpents d'eau ont éluent domiciles dans ces herbes.
A midi, après 6 heures de bons et loyaux services je rend l'outil. D'énormes ampoules aux doigts m'interdisent d'aller plus loin et un coup de barre m'assomme après le déjeuner. Les enfants nous vole le rôle et me montre qu'ils savent bien mieux que moi désherber avec délicatesse les pentes fragiles des rizières. Ils ont à peine 6 ans ...
Je suis tout de même fier de vous présenter notre travail de la matinée, ces 2 rizières propres et prêtes à recevoir la nouvelle plantation.
Tchouk-Tchouk m'avait proposé de rester une nuit de plus. Je lui téléphone pour confirmer et le fait comprendre à Chag.
Cet après-midi Chag part seul je ne sais où. Il essais de m'expliquer par des gestes le pourquoi je ne dois pas le suivre. Les deux mains sous la tête désigne la sieste que j'accepte volontiers, mais la main qui montre qu'il va en avoir jusqu'en haut des cuisses, ne me dit guère où il peut bien aller ...
Il ne me faut pas plus de 5 min pour trouver le sommeil.
Après 5 min, ils en ont déjà marre et repartent jouer dehors.
Alors qu'ils ont disparus, ce sont les filles qui réapparaissent un peu plus tard. Elles gardent les buffles, ou plutôt, jouent avec eux... On les croirait tout droit sorti d'un dessin animé d'Hayao Miyazaki !
Il faut savoir qu'au Vietnam ce sont les enfants et les grand-parents qui sont chargés de s'occuper des buffles.
Le soir venu, c'est la surprise, tout le monde est là. Les 5 frères et sœurs et même Tchouk-Tchouk qui pensait rester dormir à SaPa.
Après le repas (riz comme toujours et haricots), Sua, le grand frère nous lis 2 ou 3 passages de la bible en Hmong avant de les commenter vivement avec toute la fois d'un prêcheur ! Chacun écoute plus ou moins attentivement. Je vois bien qu'un de ses frères aimerait être ailleurs, Tchouk-Tchouk et Chag jouent leur rôle de parents en offrant toute leur attention à leur fils. Ils ne sont pas toujours d'accord sur les points mis en avant par Sua et le débat a lieu. C'est incroyable de les voir remettre en cause les interprétations des uns et des autres et de débattre dans un grand respect. On sent tout le vécu du quotidien derrière les propos de Tchouk-Tchouk et Chag.
Je me trompe peut-être mais c'est bien tout ce que je ressens à ce moment là.
Une autre bonne nuit de sommeil et nous nous retrouvons tous pour un dernier repas ensemble. J'en profites pour leur demander timidement si je peux prendre 2-3 photos d'eux. Évidement me répond-on !
Sur la première photo, de gauche à droite, nous avons le 2ème fils, la petite dernière (Hang), deux petites voisines, et le dernier fils.
Sur la deuxième photo, ce sont Tchouk-Tchouk et Chag.
Un grand merci à eux tous pour m'avoir fait partager leur quotidien pendant 2 jours.

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