Pérégrinations en terres indienne, cambodgienne, laotienne, indonésienne ..

- Brice Kester 2011 -

21 juin 2011

Cérémonie à Tegallalang - Jour 1

Aujourd'hui est un jour exceptionnel. Il ne l'est pas seulement pour cette famille qui vit sur trois jours, la plus importante des cérémonies de la famille depuis 15 ans, il l'est aussi pour nous qui avons l'honneur d'y être convié !
Nous ne voulons surtout pas décevoir Cariani et sa famille. La veille nous avons acheté notre tenue traditionnelle et ce matin, nous passons au marché chercher des offrandes pour le temple de la famille.


Nous y voilà, Sarong, ceinture de tissus, petit haut transparent finement brodé pour Erin et couvre chef pour moi, il ne manquait plus que la fleur que nous cueillons sur le chemin.
















Il est à peine plus de 7:00. Nous nous arrêtons au marché à quelques centaines de mètres de la propriété de Cariani et des siens. Le soleil est à peine levé et il y a déjà beaucoup de monde ici. Les premiers stands sont ceux des offrandes fleuris. Nous demandons à acheter deux paniers tissés de feuilles et garnis de fleurs.
















Alors qu'à l'extérieur les marchants de fleurs jouent des coudes, à l'intérieur ce sont les vendeurs de fruits et légumes qui s'entassent. Nous constituons un panier de fruits que nous déposerons au temple en offrande.














Cariani n'est pas là ce matin. Elle est contrainte à aller travailler. Même si son patron comprend la situation, il a besoin d'elle. Nous la retrouverons plus tard.
En attendant, son cousin Dewa nous invite à prendre part à la confection de petits cônes fleuris. "Bagus !! Bagus !!" nous répètent nos hôtes. Ça veut tout simplement dire que l'on fait "bien" les choses. Nous nous sentons vite intégrés et par conséquent, heureux.














Quelques minutes plus tard, Dewa, me propose de le suivre pour rejoindre les hommes à la cuisson des porcelets. Erin veut rester avec les femmes et préfère continuer à aider à la confection.
Derrière la propriété, une fumée odorante monte du contre-bas. Les quatre plus beaux porcelets ont été sacrifiés pour ces journées importantes et son maintenant en train de rôtir sur un barbecue maison.
Chacun a sa tâche, quatre hommes tournent les porcelets, un alimente le feu avec des écorces de noix de coco, un autre qui huile par moment la viande et un dernier qui attise le feu.




















Nous remontons plus tard vers les cuisines où les enfants ont établi leur atelier de confection de cerf-volants. Quelques bouts de bois fin et de la ficelle leur suffit à réaliser l'armature traditionnelle bien plus complexe que nos deux tiges en croix occidentales.
Il faut dire qu'ici tout le monde sait confectionner tout type d'objet avec ses mains.




Tout à côté, sous l’œil attentif d'un gamin de 5-6 ans, deux hommes sont en pleine préparation d'une saucisse. Ils utilisent la viande du porc sacrifié la veille et mis 24H en offrande au temple. Une fois finie, elle ira rejoindre le barbecue pour y être cuite.




















Derrière c'est la cuisine où d'autres hommes ont préparé des brochettes et s'attaquent maintenant aux boyaux pour la réalisation de la saucisse.







Quelques minutes plus tard les porcelets arrivent. Débarrassés de leur brochette géantes, ils sont prêt à être donnés en offrande au temple où ils passeront les 24 prochaines heures. Nous les mangerons demain à l'heure du déjeuner.





























Dewa, ici en photo, se joint à nous pour partager un déjeuner copieux avec les doigts. Comme au self, chacun a le droit à une corbeille garnit d'une feuille de papier dans laquelle nous confectionnons notre assiette avec les aliments proposés. Évidement nous ne résistons pas à goûter à tout. Légumes, riz, pâtes minutes, tofu, saucisse du porc sacrifié la veille, poulet, un verre d'eau et un morceau de pastèque composent nos plats généreux.















Ce moment de partage est pour nous l'occasion de questionner un peu Dewa sur ce lieu.
Il nous apprend que c'est la maison de famille où vivent grands-parents, parents et enfants. La plupart ont leur petite maison dans la propriété. Certains comme Dewa ont trouvé un logement ailleurs. Il compte bien fonder lui aussi une famille et ici il n'y a pas assez de place pour tout le monde. Nous lui demandons alors s'il est marié, ou s'il a une petite amie. Il nous répond qu'il est célibataire mais a une amoureuse. Il attend encore un peu avant de la présenter à sa famille. Elle n'est pas de la même caste et ce n'est pas évident pour eux deux de surmonter les traditions. Il est dur pour un homme de se marier avec une femme de caste inférieure surtout si elle n'a pas de frère et qu'elle est l'ainée car alors le marier doit s'occuper de sa belle-famille et vivre avec elle si son beau-père vient à disparaître.



Quoi de mieux après ce repas qu'un spectacle entamé par le son des Gamelons.
Leur son raisonne dans toute la propriété et nous invite à les rejoindre dans la cour d'entrée. La famille dans laquelle nous sommes est assez riche et s'offre le luxe d'employer ce groupe de musiciens pour toute la durée des cérémonies.
Ils sont les premiers acteur d'une longue après-midi de spectacles.


Les gamelons sont ces instruments à percussion qui tous ensemble ne forment qu'un. Chaque instrument a sa sonorité et cet orchestre balinais offre une gamme généreuse des graves aux aigus. Le tempo est rapide et la mélodie est répétitive ; le tout plutôt entêtant, se prête bien aux prières.














Tout à côté les comédiens se préparent à entrer en scènes. Deux hommes s'habillent et s'installent des accessoires et autres masques.

Tout ça laisse le temps à la musique d’imprégner les lieux d'une autre atmosphère et à quelques gamins de s'installer devant l'objectif tournant le dos aux instrumentistes !


















Et puis, le moment tant attendus arrive. Les deux hommes sont prêts à entrer en scène. L'un cherche encore le bon masque avant de se lancer. Ça y est ! C'est le bon !






































Cet homme rondouillet et d'allure sympathique se transforme alors en un personnage grave épris de spasmes qui font jour au bout de ses membres. La musique le porte incontestablement, mais, sans l'emporter. Ses mouvements corporels sont lents, seules ses phalanges s'agitent et exprime toute sa personnalité.













































Captivée, Erin ne décroche pas, ou presque !

Ce n'est pas le cas de nos hôtes qui ont plutôt l'air de s'ennuyer ... Certains ne font même que passer sans prêter attention à ce qu'il se passe.







Danseurs, ces hommes sont aussi chanteurs et comiques ! Ils savent tout faire.

Le deuxième acteur entre à son tour en scène avec le costume dont le blanc ressort à l'opposé de son camarade teinté de noir. A Bali, les magies noire et blanche s'affrontent souvent dans les légendes. Peut-être que nos deux acolytes les incarnes ici !




































Les cérémonies continuent en coulisse et tout un cortège sort tout à coup du temple. Les mains pleines d'offrandes, l'esprit avec les dieux, le spectacle trop terre à terre pour eux, leur semble même inexistant.
Les femmes portent principalement des feuillages travaillés, tressés, des corbeilles de fruits et autre nourriture.
Remarquez maintenant le "rasta-man" de la famille qui est de profil. Tout en marchant, il tient une oie à pleines mains pour la faire manger dans le plat que lui tient un autre homme !
Ce même "rasta-man" a été désigné par la famille pour prier le dieu du soleil de préserver les 3 jours de cérémonies de la pluie. Et s'il pleut, c'est qu'il n'a pas bien fait son devoir ? Non, seul Dieu choisit ! La confiance de sa famille n'est même pas une question. Chacun a son rôle et le fait de son mieux.















Quelques minutes après cette interlude improvisée nous avons le droit à une autre danse, un autre costume et clou du spectacle, un chant !

















Mais voici enfin ce que tout le monde attendait sans doute, les comiques ! Ils entrent en piste dans des costumes quasi identiques comme deux camarades. Entre copinage et raillerie, ce couple complice et moqueur réveille tout à coup les foules presque endormies.
Les gamelons ont arrêtés de jouer. Le silence nous sort lui aussi de cet envoûtement étourdissant.



Mais le silence n'est pas long, les voix roques et les rires se répondent à tout va. Leur seul façon de s'exprime nous suffit, Erin et moi à rire aussi !






























Tout spectacle a une fin. C'est sans doute une autre très belle histoire que ce nouveau personnage nous livre en cette fin d'après-midi. Les enfants ont l'air d'y être très attentif en tout cas.
Peut-être introduit-il aussi la suite des événements.










Elle se passe au temple familiale. Nous sommes tous réunis dans l'enceinte du temple pour une prière collective orchestré par un prêtre.
Cariani nous a rejoint ! Elle rentre à peine du travail. Elle nous installe là où il reste de la place. C'est là que nous retrouvons notre corbeille d'offrandes. Un hasard ?



Les prières sont une succession de rites répétés plusieurs fois.
Avant tout on distribue à tous un bâtonnet d'encens et quelques pétales de fleurs. Nous sommes tous assis par terre en tailleur ou à genoux.
Seulement alors peuvent commencer les prières. Un chant est d'abord entonné pendant lequel chacun joint ses paumes mains devant la poitrine. Lorsque le chant s'arrête nous prenons un pétale de fleur que nous faisons passer dans la fumée qui se dégage du bâtonnet d'encens puis nous le passons derrière l'oreille. Le chant reprend et nous répétons peut-être une dizaine de fois l'opération.
Ensuite des personnes passent avec de l'eau sacré (mélange d'eau, de feuilles coupés en lamelles et d'une pierre qui ressemble à de la pierre ponce). Nous baissons la tête, les mains ouvertes devant nous, paumes vers le haut, pour recevoir une sorte de bénédiction. Nous recevons 3 fois de suite des gouttes d'eau sur nos têtes avant qu'on nous en serve à boire dans le creux de nos mains.
Enfin, la cérémonie se finie avec le riz. Nous devons manger un grain de riz et coller le reste sur notre front et dans notre coup.
















Nous sommes heureux de ces moments partagés avec toute la famille et retrouvons Cariani pour discuter un peu. Elle nous dit que l'on peut reprendre nos offrandes pour les manger maintenant. C'est l'occasion de combler un petit creux.


Demain matin de très bonne heure sa mère et trois autres personnes vont participer au moment le plus important de cette fête. Il s'agit du limage des dents qui n'arrive qu'une fois dans la vie. Cela devrait commencer vers 4:00 du matin bien avant le levé du soleil.

Cariani nous propose de dormir là cette nuit, mais nous préférons rentrer pour dormir à notre aise. Nous ne savons pas où elle nous proposerait de dormir et nous préférons être en forme demain matin pour assister à l'événement.

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