Hué - Capitale impériale

Je quitte Ninh Binh pour Hué à quelques 8 heures de bus plus au Sud. La nuit est courte et le soleil se lève dès 5 heures. Une nouvelle journée et une nouvelle ville s'annoncent.

Hué est l'ancienne capitale de la région sud-vietnamienne et siège de l'importante dynastie Nguyen de 1802 à 1945. Gia Long, premier empereur ordonna la construction de la citadelle que nous découvrirons.

Au Vietnam il y a deux modes de transport en commun très populaire. Le train, confortable, plus cher et le bus. Pour obtenir un billet au dernier moment le bus est la meilleure option. Pour changer, je m'y tente.

Même si ces bus sont tout confort, la clim est toujours trop forte et assèche la gorge, la conduite du chauffeur jamais idéale et la nuit toujours trop courte ! Notre espace vital est délimité par une couchette inclinée d'1m80 (j'en fait 5cm de plus !). C'est la dimension idéale pour le vietnamien moyen...

A peine l'hôtel trouvé et les bagages posés je pars pour une promenade jusqu'à la citadelle de l'autre côté de la rivière des parfums et y entre par le Sud.

La protection, formée par une muraille et des douves, de la citadelle franchit, il fait en passer une deuxième pour pénétrer dans la cité impériale dite la Cité pourpre interdite. Cette citadelle dans la citadelle abritait la résidence de l'empereur et les principaux bâtiments de l’État.

En 1968 elle se voit transformée en bunker par le Viet cong lors de l'offensive du Tet. La Cité pourpre interdite ne résistera pas aux assauts violents de la République du Vietnam et des États-Unis qui remporte l'une des plus longues et des plus sanglantes batailles de la guerre (31 Janvier au 3 Mars 1968). Aujourd'hui seuls 20 des 148 bâtiments nous sont parvenus et les restaurations et reconstructions sont à l’œuvre.

 

Ici le faîtage de la toiture du palais de la Suprême Harmonie (Dien Thai Hoa) est surmonté d'un dragon signe de puissance, là une urne dynastique qui sert aux superstitieux (peu de pièce au Vietnam alors on y jette des billets).

De l'étage du bâtiment de la porte Nord la vue sur la Cité rend compte de sa grandeur. Aujourd'hui la végétation a pris une place très importante.

Dès la sortie je retrouve ces arbres aux fleurs d'un rouge si vif. Il porte très bien son nom en Français puisqu'il s'agit du "flamboyant".

Le lendemain je me loue un scooter pour parcourir les alentours de Hué et commence par la pagode de la dame céleste (Thien Mu). Edifiée sur une colline, elle domine la rivière des parfums. Elle est l'un des emblèmes du Vietnam.

Construite en 1844 sous l'empereur Thieu Tri, cette tour octogonale (Thap Phuoc Duyen) de 21m de haut est même devenue le symbole officieux de Hué.

Chacun des 7 étages de la tour représente une réincarnation de Bouddha.

Au fond du temple chacun s’affaire à allumer des bâtonnets d’encens et un jeune moine fait résonner un vase à l'aide d'une masse.

Dans le sanctuaire une ouverte à la sculpture si particulière me semble très familière. Il s'agit en effet du symbole du bonheur que l'on retrouve un peu partout.

A l'arrière du temple, derrière le mur d'enceinte au fond d'un petit bois, vu des seuls curieux, apparaît un étrange cimetière où les tombeaux de différentes tailles sont éparpillés sans ordre comme pour contraster avec le temple très sobre et rigoureusement dessiné.

N'oublions pas que ce temple est aussi une terrasse sur la rivière des parfums. La quiétude est partout ici jusque dans l'horizon.

Sur la route vers le tombeau de Tu Duc je croise des dizaines d'étalages sur le bord de la route. A première vue on pense au présentoir d'un fleuriste. Les couleurs vives trompent l’œil, mais il s'agit bien d'encens.

Alors qu'il faudrait compter 2 jours pour visiter l'ensemble des tombeaux de la dynastie des Nguyen tous implantés autour d'Hué, je préfère m'en tenir à l'essentiel, le tombeau de Tu Duc.

Majestueux et paisible, cet endroit est édifié entre 1864 et 1867. L'empereur Tu Duc vit et est enterré dans ce monument qu'il dessine lui-même. Il met tous les moyens financiers et humains (de force) pour le réaliser. En représailles s'ensuit en 1866 un complot contre lui qui échoue.

En plus d'avoir le règne le plus long de la dynastie des Nguyen (1848-1883), l'empereur Tu Duc, vit dans un luxe sans mesure. Il a 104 épouses et d'innombrables concubines, mais le comble de l'histoire c'est qu'il ne laisse aucune descendance, la faute à une petite vérole qui le rend stérile...

Dès l'entrée du site protégé d'une enceinte, le calme règne et un petit lac offre un peu de fraîcheur sous la chaleur écrasante. L'empereur venait y composer et réciter des poèmes accompagné de ses concubines.

Une cinquantaine de bâtiments composent cet immense site.

Nous voici à l'entrée du tombeau proprement dit de l'empereur. Une succession de plateaux et de portes sont à franchir avant d'y parvenir. On arrive d'abord dans la cour d'honneur encadrée d'éléphants, de chevaux et de petits mandarins (plus petits que l'empereur qui ne dépassait pas 1m53).

Ensuite nous passons sous le pavillon de la Stèle. Sur l'immense pierre de 20 tonnes Tu Duc écrivit lui-même son épitaphe. Il y admet ses erreurs et choisit de baptiser sa tombe "Khiem" ("modeste").

Enfin, après avoir passé une dernière porte, la sépulture se trouve derrière un mur flanqué du symbole que tout le monde reconnait maintenant dans une enceinte quasi fermée. Le tombeau règne au milieu de ce vide accompagné par le sol qui en le soulevant légèrement le met en valeur.

Seulement l'empereur n'y fût jamais enterré et l'on ignore où il repose. Pour garder le secret à jamais les 200 serviteurs chargés de ses funérailles furent décapités.

Ce lieu loin du vacarme de la ville fait du bien et j'en profites pour déambuler à travers bois.

Sur la route retour pour Hué, je découvre un autre endroit paisible et magique. Ce point de vue sur la vallée et son fleuve est magnifique en cette belle et chaude journée.